— Hérauts, héraldistes, …

L’héraldique est une langue codifiée avec des règles définies. La grammaire commune à toute l’Europe a été rédigée dès le 12e siècle.

Origine du héraut d’armes

Les personnes officiant en héraldique pour un souverain ou un grand seigneur étaient à l’origine les hérauts d’armes.

Le héraut d’armes est avant tout héraldiste, c’est à dire théoricien de l’héraldique capable de faire le blasonnement d’armoiries, (faire le blason signifie faire la description à l’oral et à l’écrit). Sa fonction première était l’identification et référencement des chevaliers présents sur un champs de bataille, avant et après la combat. Ce comptage permettait dénombrer les vivants, morts ou prisonniers. La première mention de la présence d’un héraut d’arme officiant sur un champ de bataille date de juillet 1173 à la bataille de Drincourt en Normandie. A l’issue de la bataille le héraut plantait la bannière du vainqueur, et lui remettait celle du vaincu.

Evolution du rôle du héraut d’armes dans les tournois et dans la vie diplomatique féodale.

Avec l’apparition des tournois sa fonction s’étendit à la présentation et au contrôle des armoiries, des cimiers (décoration au-dessus du heaume) et des bannières des chevaliers concourants et des dames pour lesquelles ils concouraient. Le héraut avait aussi la fonction de messager et d’ambassadeur. Chaque souverain, grand seigneur ou municipalité avait son propre héraut, identifiable par le port d’un tabar, sorte de tunique ornée des armoiries seigneuriales. En l’absence du seigneur, le héraut représentait celui-ci dans des cérémonies. Il était également chargé de la transmission des missives importantes.

Dès l’Ancien régime chacun, roturier ou noble, eu le droit d’avoir un écu. Jusqu’à la rédaction de l’Armorial Général promulgué par l’édit de novembre 1696, les répertoires d’armoiries roturières restent rares. Seules quelques villes procédaient à l’enregistrement des armes de leurs bourgeois sans aucun contrôle. En cas de litige, l’arbitrage du héraut pouvait être sollicité.

Les hérauts français étaient organisés en marches d’armes et élisaient leur propre chef, le Roi d’armes. L’activité du héraut était secondée par celle des armoristes, artisans qui réalisaient les peintures, gravures et sculptures des armoiries homologuées par le héraut. Cependant les hérauts français devinrent très vite de simples courtisans uniquement préoccupés par l’aspect diplomatique de la fonction et incompétents en science héraldique et en droit,

Louis XIII réorganisa sa diplomatie, et sur l’instance de la noblesse se plaignant d’usurpations héraldiques aux états généraux tenus à Paris en octobre 1614, ordonna la création de l’office de Juge général d’Arme de France pour pallier à l’incapacité des hérauts dont la fonction s’éteignit avec la perte de leurs prérogatives. Les hérauts d’arme perdirent leurs prérogatives et furent maintenus par les rois dans un rôle purement honorifique afin d’émailler quelques cérémonies, dont celle du Sacre où des gentilhomme endossaient des tabars aux armes du Roi.

Cependant les grand seigneurs conservèrent auprès d’eux des lettrés maîtrisant la langue héraldique. Les hérauts devinrent héraldistes, certains furent chargés d’assurer le contrôle et la création d’armoires au sein des offices royales, ou à titre particulier à la publication d’ouvrages sur le sujet, assistés comme toujours par des armoristes qui en réalisaient les dessins et peintures sur les lettres d’enregistrement et dans l’armorial royal déposé à Paris.

Diffusion de la science héraldique

Avec la généralisation de l’imprimerie la science héraldique connut une diffusion auprès d’un public plus large. Les plus anciens traités d’héraldique imprimés en langue française datent de la Renaissance. Le premier est probablement celui du héraut Sicille, héraut du roi Alphonse V d’Aragon et de Sicile, publié peu après 1458 sous le titre de «  Blason des armes « , Cet auteur publia également » Blason des couleurs  » blagué par Rabelais dans Gargantua.

le feron
extrait du  » blason d’armoiries, composé par maistre Jehan Le Feron, advocat en la court de Parlement, natif de Compiengne, l’an de grace mil cinq cens et vingt, le douziesme jour d’avril, après Pasques »

Au XVI° siècle, le «  Blasons des armories  » se trouva complété et republié par un auteur non héraut, Hiérosme de Bara, (1540-1600°).

Mais le premier héraldiste français imprimé est Jean Le Feron, (1504-1570), avocat au Parlement de Paris.

A partir de cette époque les héraldistes sont essentiellement des juristes, des imprimeurs, des généalogistes, des religieux.

On peut cité comme auteurs les plus significatifs :
le père jésuite Marc Gilbert Devarennes, (1591-1660), qui publia en 1635, «  Le roy d’armes ou L’art de bien former, charger, briser, timbrer, parer, expliquer, et blasonner les armoiries « 

Louvan Géliot, avocat au parlement de Dijon, est l’auteur de l’ » Indice armorial, ou Sommaire explication des mots usitez au blason des armoiries « , réédité et augmenté tente ans plus tard par Pierre Palliot, (1608-1698),

Marc Vulson de La Colombière, gentilhomme, conseiller du roi en la cour de parlement de Dauphiné, courtisan d’Henri IV, inventeur dès 1638 du procédé dit d’azurage ou d’incubation . Ce système toujours en vigueur consiste en la codification des couleurs héraldiques par des traits et des points sur un dessin monochrome.


Sans oublier le père jésuite Claude-François Menestrier (1631-1705), dont Voltaire disait qu’il était l’un des hommes les plus savant de son siècle, auteur entre autres de  » La Méthode du Blason  » en 1688, qui fut réédité tout au cours du 18e siècle.Le gentilhomme normand Gille-André de La Rocque, (1598-1686), généalogiste, historiographe du Roi, spécialiste du droit nobiliaire et héraldique, est l’auteur entre autres du «  Traité singulier du blason, contenant les règles des armoiries, des armes de France et de leur blason, ce qu’elles représentent, et le sentiment des auteurs qui en ont écrit  » ;

Le 19 juin 1790 les armories furent abolies en France, il fallu attendre 1808 pour que l’héraldique réapparaisse, uniquement à l’usage exclusif de la nouvelle noblesse créée par Napoléon.

C’est le Conseil des Sceaux qui assure la vérification et l’enregistrement des armes.

En 1814 Louis XVIII rétabli le droit aux armoiries pour tous. La Commission des Sceaux assura la vérification des armoiries à la condition cependant qu’on la sollicita en cas de conflit ou pour enregistrement. Il n’exista plus de héraut officiel, tout au plus la Commission avait des commis, dont l’essentiel de l’activité était lié à la vitrification des prétentions nobiliaires. La création héraldique devint le fait d’héraldistes professionnels issus des généalogistes, tel que Claude Drigon, marquis de Magny, (1797-1879), à qui succédèrent ses fils Edouard et Achille-Ludovic, ou de juriste comme Jules Paulet du Parois .

Aujourd’hui en France les armoiries sont toujours protégées par la Loi, au même titre que le nom, dont elles sont la figuration dessinée. Il est donc interdit de s’attribuer les armoiries d’un autre, malgré l’absence d’enregistrement officiel depuis la suppression du Conseil des sceaux le 10 janvier 1872.

Au 21e siècle la fonction de l’héraldiste est d’aider la personne à constituer ses armes, et en réaliser le dessin. Un héraldiste propose aussi la reproduction des armories sur tout support, que se se soit sur papier, métal, pierre, verre, céramique, bois, ou par dessin vectoriel. Il contribue à la publication d’ouvrages héraldiques, nobiliaires, généalogiques ou historiques. On sollicite aussi les héraldistes pour l’identification d’armoires, que se soit sur des bâtiment ou des objets.

juge d’armes, héraldiste, peintre armoriste …quelle différence ?

Un juge d’armes est investi par un gouvernement du pouvoir de vérifier les prétentions au port d’armoiries par l’impétrant. Il en valide ou en refuse l’usage au sein du pays où il officie, sa décision n’est valable que si l’impétrant a la nationalité du pays, où s’il y réside. Sa décision a valeur juridique. Certains ordres « chevaleresques » possèdent aussi un juge d’arme. Sa tache est de vérifier les armes présentées par l’impétrant pour enregistrement sur les registres de l’ordre. Sa décision n’a pas de valeur juridique, sauf pour le (vrai) Ordre de Malte car cet ordre a des prérogatives souveraines. Un Juge d’Armes doit être héraldiste pour pouvoir officier. 

Un héraldiste est un théoricien de l’héraldique, sa fonction est essentiellement de composer des armoiries, il doit maitriser les règles de cet art, qui sont l’association de la grammaire héraldique, et des usages et règles juridiques & héraldiques qui varient d’un pays à l’autre. Il doit aussi maitriser l’histoire et la généalogie. L’héraldiste vérifie aussi les armoiries d’un impétrant pour le compte d’un armoriste si celui-ci à un doute sur ce que lui demande un client. Un héraldiste peut aussi être armoriste.

Un armoriste est un illustrateur héraldique, il dessine et peint les armoiries d’après la description héraldique qui lui est fournie, ou d’après une version déjà dessinée, peinte ou gravée. L’armoriste est donc avant tout un peintre spécialisé dans la reproduction d’armoiries, c’est donc un exécutant qui répond à la demande d’un client. Cependant un armoriste peut être aussi héraldiste, dans ce cas il peut composer et peindre à la fois, corriger des armoiries qui comportent une erreur. L’armoriste peut exécuter une peinture pour un client sans (se) poser de question, il exécute alors une reproduction. Précisons aussi que l’armoriste suit ce que le client lui demande, ainsi si le client veut un dessin dans un style particulier (en respectant toutefois les règles de droit et de copyright d’auteurs), l’armoriste répond à la demande. Quand il s’agit d’un héraldiste-armoriste, celui-ci mentionne alors au dos du dessin ou de la peinture que c’est une reproduction d’après description ou dessin fourni par le client.

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